LA PETITE SECONDE D'ÉTERNITÉ
L’histoire est celle de Marie (interprétée par Marie-Emilie Michel), une femme que l’on pourrait croiser rue de Seine ou ailleurs, et qui, devant nous, découvre ce qui la construit, ce qui la déchire et ce qui la sauve. C’est l’histoire d’une vie, comme tant d’autres, rêvée et bousculée.
A travers un choix minutieux de poèmes issus des recueils Paroles, Histoires et Spectacle, c’est l’histoire d’une femme qui se dessine grâce aux seuls mots de Prévert. Des mots que l’on connaît tous un peu, déjà, des mots qui se raccrochent au monde actuel et à nos vies. Des mots qui renaissent et prennent sens dans l’histoire de Marie, comme une figure universelle qui existe en chaque femme.
Ce n’est pas le regard d’un homme sur les femmes que reflètent les poèmes qui constituent le spectacle. Au contraire, ici, Jacques Prévert parvient à devenir une femme qui se confie à travers les mots choisis. Et la langue de Prévert est une langue plus que vivante, aux prises avec le réel, révoltée, porteuse d’espoir et contre toute forme d’injustice. Dans ses poèmes comme dans les personnages qu’il imagine pour le cinéma et qui ont offert à Arletty ses plus beaux rôles, il s’attache à donner vie à des femmes fortes, complexes, libres et passionnées.
La scénographie et la mise en scène (imaginée par Nathalie Matti) accompagne le personnage de Marie dans l’exploration de son propre destin. Seule en scène, elle manipule et fouille le dis -
que dur d’une caméra dont les images sont projetées à même le mur. Sa vie apparait, parfois douce, parfois redoutable, projetée dans la boîte scénique, comme une boîte à souvenirs dont elle revisite et revit les scènes les plus marquantes et dans laquelle chaque poème représente un morceau de vie. Marie se transforme au fil de son récit et invite le public à plonger avec elle dans ses questionnements les plus intimes.